lundi 20 décembre 2010

temps perdu

Un article de Slate.fr et ma réponse.

D'abord, l'ARTICLE :

La seule chose vraiment certaine en ce qui concerne la prochaine élection présidentielle, c'est qu'elle sera sacrément rock'n'roll. Entre les primaires socialistes, dont on pressent qu'elles ne freineront guère les ardeurs d'éventuels recalés, et la compète proprement-dite, à laquelle une bonne vingtaine de «wannabes» prévoit déjà de participer, les choses n'ont jamais été aussi ouvertes…

Moins certaine que le bordel sus-évoqué, mais assez probable toutefois, la présence de Marine Le Pen au second tour doit donc être envisagée.

Bien entendu, opposée à n'importe quel membre du PS, à Sarkozy, à Bayrou, voire à Villepin ou à Borloo (nous somme dans la pure spéculation, souvenez-vous) en deuxième mi-temps, la parachutée d'Hénin-Beaumont serait logiquement écrabouillée par la foule des démocrates de ce pays. Mais, si tout est si ouvert et qu'un médiocre 12/15% suffit à vous placer en orbite, que se passerait-il en cas de finale Le Pen-Mélenchon ?

Bon, à priori, et puisque Mélenchon est un homme d'extrême gauche et que l'extrême gauche est ontologiquement plus gentille que l'extrême droite (les crimes du communisme ne sont que des erreurs quand les crimes du fascisme en sont le but, n'est-ce pas?), les démocrates sincères devraient, même en faisant la grimace, se reporter sur l'ex-sénateur socialiste.

Hey, nous étions bien allés voter pour Chirac en 2002… Si c'est pour faire la fine bouche avec Méluche en 2012, c'était bien la peine…

Sauf que, sauf que… glisser un bulletin Chirac dans l'urne alors qu'on avait voté Jospin avec enthousiasme au premier tour, c'était rester en terrain connu. Chirac, on ne l'aimait pas, certes, mais il ne proposait pas de transformer la France en Cuba septentrional. Il ne se félicitait pas non plus de ce que les Chinois soient capables de remettre les Tibétains sur le droit chemin et ne passait pas son temps à recenser les têtes à faire tomber!

Non, on ne l'aimait pas mais c'était le «devil you know» (le diable que l'on connait), comme on dit chez nous les Gallo-américains ― qui sont aux Gallo-romains ce que le World Wide Web est aux Voies romaines.

Le Parti de gauche de Mélenchon ― ou le Front de gauche si l'énergique tribun réussit son OPA hostile sur le Parti communiste ―, c'est tout de même une autre paire de manches. Et à l'exception d'une valeur cardinale (l'antiracisme), j'ai personnellement du mal à saisir si j'ai davantage en commun avec cet OPNI au populisme assumé qu'avec le ramassis hétéroclite d'extrémistes de droite authentiques et de prolos déboussolés qu'est le FN.

Tiens, prenons l'Europe par exemple, dont je suis un chaud partisan ― totalement et irrévocablement dévoué à la cause du fédéralisme. Eh bien si Marine Le Pen propose de sortir de l'Union, de rétablir le franc et de mettre en place des barrières physiques aux frontières françaises pour empêcher les seaux en plastiques chinois et les basanés africains de nous envahir, en quoi Jean-Luc Mélenchon s'en distingue-t-il?

D'accord, il ne veut pas exactement abandonner l'euro: il se contenterait juste de dévaluer cette monnaie de «banquiers et d'usuriers», ce qui reviendrait à peu près au même puisqu'il faudrait faire ça sans les Allemands. Remarquez, la bataille de chiffonniers avec les Italiens et les Espagnols qui s'ensuivrait («Achetez mes trucs en francs, ils sont moins chers que leurs bidules en pesetas ou en lires!») animerait pas mal le débat...

Il ne veut pas non plus quitter l'Union, juste «sortir du Traité de Lisbonne», ce qu'il faudrait faire sans les copains et poserait également de sacrés problèmes d'organisation. Enfin, s'il ne dit rien des basanés aux frontières, il n'a aucun doute sur leur seaux en plastiques: le protectionnisme, c'est définitivement le «isme» qui monte chez les ex-internationalistes.

Sur un autre front, si j'ose dire, le FN est pour une retraite à 40 annuités sans âge de départ spécifique, quand Mélenchon est plutôt pour le retour aux soixante ans sans nombre d'annuités spécifique. Est-ce si différent? Pas vraiment. Du moins du point de vue d'un Sarkozy ou d'un DSK, qui pensent qu'il faut cotiser plus longtemps puisque l'on vit plus longtemps.

Mais si j’ai cherché à comparer, point par point, le reste des programmes socio-économiques des uns et des autres, avouons qu'il est plus facile de se rencarder chez les lepénistes que chez les mélenchonnistes. A main droite, on annonce la couleur, tout est décrit en détail et la France bleu-Marine ressemblerait effectivement à un mix d'étatisme, de corporatisme, de racisme, d'autoritarisme, de provincialisme intellectuel, d'archaïsme sociétal et économique, d'antilibéralisme, d'anti-américanisme, de bêtise crasse... A main gauche ― que le flou qui entoure la relation du boss avec le PC empêche d'aller au-delà des banalités génériques du progressisme orthodoxe ― on flaire peu ou prou la même chose, la xénophobie en moins, on l'a vu, mais le collectivisme en plus.

Un sondage express, absolument a-scientifique et représentatif de pas grand chose, m'enseigne pourtant qu'autour de moi, on irait malgré tout mettre un bulletin Mélenchon dans la boîte en cas de catastrophe. Ce qui est assez ironique puisque ce dernier s'abstiendrait lui-même de voter pour DSK, qui ne vaut pas mieux que l'UMP, laquelle est plus à droite que Marine Le Pen!

Pour moi, il s'agirait d'un fameux dilemme. Ne pas voter? Je n'ai jamais loupé le moindre scrutin et je me suis toujours moqué des abstentionnistes. Voter blanc? Je n'ai jamais compris ce qu'exprimait le fait de ne rien exprimer. Voter Le Pen? Tss, je ne réponds même pas à ce genre de provocations… Voter Mélenchon? Arghh… Non, vraiment, pas possible. Ou alors juste avant de m'expatrier, charge à ceux qui restent de se démerder avec la nouvelle donne et de nous faire passer des nouvelles du pays par pigeon voyageur si le Web français met la clé sous la porte Cuban style…

Oui, vraiment, elle risque d'être sacrément rock’n’roll, cette présidentielle 2012.

Hugues Serraf

ma REPONSE

Qu’un démocrate de droite comme l’auteur de ce texte hésite entre Mélenchon et Le Pen, je comprends.
Mais il y a quelques jugements assez idiots dans ce texte.

« Mélenchon homme d’extrême gauche »
Peu m’importent les étiquettes mais je voulais juste rappeler que le programme du front de gauche qui se dessine n’est pas tellement plus à gauche que celui avec lequel François Mitterrand s’est fait élire la première fois.

« L’extrême gauche ontologiquement plus gentille que l’extrême droite. » « Cuba septentrional »
La phrase sur l’ontologie ne me parait pas débile mais elle sous entend que l’extrême gauche actuelle (puisqu’il choisit de nommer ainsi le Front de Gauche) serait de la même veine que les partis uniques des pays communistes passés et présents. Ce qui est entièrement faux. Le FG espère prendre le pouvoir par les urnes et le rendre quand on perdra les élections. Pas de parti unique dans le programme. Si on veut comparer le FG à un épouvantail, on peut le comparer à Chavez pour le côté démocrate de gauche qui n’a pas peur de se mettre le monde à dos.

Sur l’Europe. La stratégie du FG, ce serait dans un premier temps de rétablir un rapport de force avec l’Europe libérale. Et après, on verra ce qui résultera du rapport de force. Sortir de l’Europe ou sortir de l’euro, ce n’est pas la question, la question c’est de faire en sorte que l’Europe cesse d’être un vecteur adémocratique de l’ultralibéralisme. C’est pourquoi, il faut revenir sur les traités qui interdisent des mesures de contrôle des mouvements de capitaux, le maintien de services publics hors d’atteinte du secteur privé etc. Le FG croit que la France a les moyens de peser sur ces décisions si la population française y est déterminée. La stratégie est donc de demander par référendum aux Français si par exemple ils sont pour un service public de l’énergie, et si oui, de faire jouer la clause de l’ « opt out » au niveau européen qui permet par exemple aux anglais de ne pas respecter les normes sociales sur le temps de travail en Europe (dans notre cas, ce serait pour permettre à la France d’avoir un secteur de l’énergie entièrement sous le contrôle de l’état). On peut penser que c’est une stratégie vouée à l’échec mais pour ma part, je pense qu’il faut tenter quelque chose plutôt que d’accepter l’idéologie de la concurrence libre et non faussée contenue dans le traité de Lisbonne. D’autre part, il ne faut pas sous estimer le poids économique et politique de la France qui peut peser d’une autre manière que ce qu’elle fait dans les négociations.

Sur le protectionnisme (l’histoire des « seaux en plastique »). Il y a une différence fondamentale entre celui prôné par le FN et celui prôné par le FG. L’un se ferait sur des critères purement nationaux, l’autre se ferait sur des normes sociales et environnementales. Est-ce mauvais pour les pays étrangers ? À mon avis, plutôt moins que de se lancer dans la concurrence avec eux en abaissant nos propres normes. Car dans ce dernier cas (à la différence du premier) il n’y a aucune incitation pour les entreprises en Chine, par exemple, à améliorer le sort de leurs ouvriers ou à faire attention à l’avenir de la planète (dans ce cas en tous cas, il n’y en a pas en plus du simple bon sens).

Sur les retraites. Le FG est pour une retraite à 60 avec 37,5 annuités de cotisation. Par contre, si on veut faire des amalgames bidon, on peut relever que les 40 ans et l’âge non spécifié, c’est le programme du PS. De plus, quand on lit le programme du FN, on y trouve des perles comme : « le développement de régimes de retraite complémentaire par capitalisation », « encouragement de la famille et de la natalité » (i.e. renvoyer les femmes à la cuisine).

Sur le flou du programme du FG et l’aspect similaire à celui du FN. Effectivement, il sera moins flou quand le PG, la GU et le PCF se seront mis d’accord. En attendant, on peut se rapporter au programme du PG : http://programme.lepartidegauche.fr/ qui est aussi détaillé que celui du FN. Et quand on compare les deux, on trouve de fortes différences sur la taxation (le FN baisse les impôts des riches en prétendant que ça va rapporter un max à la nation), sur les services publics (le FN n’arrête pas de vouloir diminuer le nombre de fonctionnaires et de vouloir les déposséder de leur « privilèges »), sur le contrôle des banques (le FN n’en parle pas mais on sent quand il clame qu’il est pour « libérer l’entreprise » que cela va être bon pour les multinationales et la finance), sur l’écologie, les transports (le FN est fan des bagnoles) et je n’ai pas encore tout lu.

« Mélenchon s’abstiendrait de voter DSK ». Ce n’est pas sûr. Ce qu’il dit pour l’instant c’est qu’il répondra à la question quand les socialistes auront dit s’ils voteraient pour lui. Et pourquoi refuse-t-il de répondre à ces questions ? Parce que c’est une façon de l’enfermer dans un rôle de second plan et de permettre à nouveau l’histoire du vote utile de pourrir la démocratie.

Si ça vous plaît pas, qu'on comprend rien, que c'est qu'un ramassis de banalités, dites le ! Commentez ! J'adore le débat qui fait progresser les idées.

jeudi 28 octobre 2010

Différentes formes de mobilisation

Parait-il que l'opposition à la réforme des retraites proposée par le gouvernement est largement majoritaire dans le pays. D'autre part, la légitimité de la droite à faire passer sa loi est limitée (Cf. video sarko). Comment, ayant la légitimité et la majorité, les opposants aux saccage des retraites peuvent-ils parvenir à leurs fins (le retrait du projet de loi pour commencer) ? Il faut emprunter deux voies :

1- d'une part il faut sans cesse renouveler les manifestations du caractère majoritaire de l'opposition au projet de loi pour maintenir éclatante la légitimité de nos revendications.
=> MANIFESTEZ DES QUE VOUS LE POUVEZ (et ça commence samedi 6 novembre) !

2- d'autre part, pour faire plier le gouvernement, il faut que ça devienne un moindre mal pour lui de céder. C'est-à-dire que cela nécessite que le mouvement menace véritablement le grand patronat et les financiers qui sont ceux que le gouvernement sert effectivement (article diplo). Ça passe par le boycott, la grève et la mobilisation politique.

Boycottez au maximum tout ce qui nourrit avant tout les grandes multinationales (par exemple : privilégiez le marché et le petit commerce face aux supermarchés, privilégiez les légumes de saison produits localement, le bio pour casser les grands groupes de l'agroalimentaire et du commerce international de produits de l'agriculture, limitez vos déplacements et cessez les voyages en avion, dans la culture, boycottez les majors, pour les vêtements, l'électronique, la cosmétique et l'électroménager aussi, il y a du boulot etc. et si cela vous amène à économiser beaucoup d'argent, ne le placez pas dans n'importe quelle banque, mettez le à la NEF ou au crédit coopératif (changer de banque) et tant qu'on parle d'argent, si vous avez des sicav ou des assurances vie, vendez, changez, remplissez d'abord vos livrets A, développement durable, voire PEL) !

Pour la grève, il faut que ce soit efficace : pour ça, il faut soit une grève générale massive, soit que les secteurs stratégiques soient mobilisés et que le reste les soutienne financièrement (une journée de grève, ça coûte environ 60 euros, les centrales syndicales, quand tout va bien les indemnisent à hauteur de environ 20 euro par jour). Syndiquez vous donc et donnez (ici http://www.solidaires.org/article33397.html ou là http://www.lepartidegauche.fr/editos/actualites/3165-solidarite-avec-les-grevistes ou ailleurs) !

La mobilisation politique ici consiste à faire craindre au patronat que le pouvoir pourrait tomber en des mains qui ne lui seront pas subordonnées. Votez pour et adhérez à des mouvements à la gauche du PS (signez cette pétition : pétition) ! Diffusez la propagande qui dénonce l'impasse dans laquelle nous met l'idéologie néolibérale (par exemple, cette vidéo : l'enjeu des retraites) !

samedi 9 octobre 2010

Nan ! J’veux pas y aller !

Mardi 12 octobre et samedi 16 octobre il y aura des manif dans toute la France pour faire entendre son désaccord avec la réforme des retraites que le gouvernement veut faire passer. Allez-y ça me fera plaisir et ça ne vous coûtera pas grand-chose !

\begin{blabla}
Il y a de très bons arguments pour rejeter cette réforme. Elle va faire baisser le montant des retraites, augmenter le chômage, priver bien des gens du petit bonheur qu’ils attendent depuis des dizaines d’années. %(Leur travail n’a rien de plaisant et ils ont l’impression d’y avoir déjà suffisamment gâché de leurs belles années. Ils ont accumulés des envies et des projets pour leur retraite mais sentent qu’il ne leur restera pas trop de temps pour les réaliser avant que les maladies, la vieillesse ne les interrompent. Enlevez-y deux années, à ce temps qu’ils escomptaient, et ils n’arriveront à la retraite que pour attendre en mauvaise santé l’heure de leur trépas.)% Elle est inefficace (la réforme) pour ce qui est de faire baisser les déficits publics. Tout ça, alors même que la France est riche comme jamais et qu’il suffirait de taxer ceux qui peuvent l’être sans souffrir, pour régler le problème des déficits, tout en permettant à tous de se réserver un moment libéré de leur travail pour contribuer, selon leur fantaisie, au bonheur commun.

Enfin, tout ça est très bien expliqué dans de multiples liens que j’ai déjà mis sur ma page et dans bien d’autres que d’autres ont mis sur la leur et dans bien d’autres encore.
\end{blabla}

Revenons-en aux manifs. Ça ne coûte pas grand-chose, ça peut rapporter gros et si on s’abstient, ça peut coûter cher. Le mieux pour tous serait que la mobilisation soit très forte et maintienne son intensité. De cette manière, les éventuelles grèves reconductibles ne dureraient pas trop longtemps. On aurait un gouvernement affaibli qui hésiterait à continuer son œuvre de cassage des services publics d’ici à la fin de la législature, à la même cadence.
Le réservoir de gens opposés à la réforme nécessaire pour une telle mobilisation existe. Il suffit qu’au lieu de manifester une fois sur deux, on y aille à chaque coup. Il suffit quand on n’a pas encore pu y aller de se donner la manif comme une priorité et de prévoir son coup un peu à l’avance. Il suffit d’être tenace, un peu sérieux, de ne pas céder au défaitisme ambiant. Ce défaitisme, que les fanfaronnades du gouvernement essaient de provoquer, ce serait bien con d’y céder alors que c’est si simple de se réserver un après midi par semaine pour faire craquer la majorité. Elle peine à cacher ses divisions, le gouvernement est usé (par de multiples affaires et par bientôt dix ans d’exercice du pouvoir etc.) Ne lâchons pas le bon bout (ou attrapons le enfin), c’est si facile de les emmerder plus qu’ils nous emmerdent.

P.S. On peut aussi aller à la manif par curiosité, pour voir ce qui se passe quand on est vraiment nombreux à y aller (même si en fait la mobilisation actuelle et même si on prend les chiffres de la police, est déjà parmi les plus élevées depuis 30 ans).

lundi 27 septembre 2010

égoïsme, égoïsme bien compris, cohérence

On a l’impression que l’altruisme n’a pas de fin et que, puisqu’on ne va pas se dépouiller pour le mendiant au coin de la rue, autant ne pas y penser.

Parfois aussi, quelque chose de mystérieux, diffusant à travers la société, fait qu’il devient de bon ton (pour faire cool, je devrais dire que ça devient « cool ») de prétendre ne penser qu’à soi et à son bon plaisir. Exemples : mépriser la souffrance autour de soi c’est une manière de poser en surhomme ; celui qui plombe l’ambiance avec un sujet sérieux et triste est rejeté, donc, il faut garantir qu’on n’est pas de ceux-là etc.

Admettons alors que ça soit pas cool, l’altruisme (provisoirement, parce que j’ai bien envie de proposer une petite démonstration du contraire mais je la garde pour la fin). Je prétends du moins que c’est de notre intérêt. Que l’égoïsme (oh paradoxe !) mène à l’altruisme (comme dans les utopies libérales).

Exemple 1 : c’est pas drôle d’être riche au milieu de miséreux ; on se sent pas bien ; on a un peu peur que tous ces gens un peu trop désocialisés pètent un câble un jour, parce qu’on voit bien que la police ça ne va pas leur faire peur, à eux qui n’ont rien à perdre et qui sont plein d’alcool.

Exemple 2 : untel ne gagne pas trop de blé et veut s’acheter une maison. C’est un projet à assez long terme pour lui. Il décide d’économiser et d’acheter systématiquement le moins cher. Ce faisant, il achète de la bouffe industrielle qui pollue et exploite des esclaves, il achète du textile chinois fait par des esclaves etc. le tout dans un supermarché qui nique le tissu urbain et qui emploie des esclaves etc. etc. Tout ça, favorise une économie dans laquelle les inégalités sont fortes avec des riches qui spéculent sur l’immobilier ce qui fait monter le prix de la maison qu’untel veut s’acheter. Ça favorise une économie délocalisée qui empêchera la hausse du salaire d’untel ou la baisse du chômage dans son pays. Ainsi, il n’est pas bien sûr que ses économies de bouts de chandelles le rapprochent de son but ou, du moins, qu’elle le rapprochent aussi bien de son but que si il avait eu un comportement de consommateur responsable et si il avait financé un média de gauche et un parti de gauche qui auraient lutté contre les délocalisations, contre la hausse des loyers etc. (D’ailleurs, avec des loyers modérés, plus besoin de devenir proprio.) On peut se demander aussi si ce qu’il aurait dépensé par un comportement responsable aurait été forcément tellement plus élevé que ce qu’il a dépensé pour sa bouffe industrielle (ex : il se peut qu’il ait acheté pour plus cher de viande de merde que ce qu’il aurait payé pour des lentilles bio locales, à quantité de protéines équivalente ; que dans le cas de la bouffe de qualité, il aurait moins mangé etc.) Conclusion, c’est bien difficile de savoir si en agissant comme il l’a fait, il s’est plus rapproché de son but que dans le cas où il n’aurait pas autant mis en veilleuse sa recherche du bien de la société. Bien difficile de savoir si la jouissance dont il s’est privé pendant sa période économe ne compense pas celle qui résulte du fait d’arriver un peu plus tôt à l’état de propriétaire. Et s’il finit par acheter au haut de la bulle immobilière et qu’elle explose juste après, c’est encore plus triste. Alors qu’en pariant à l’inverse de untel, on a une chance de faire d’une pierre deux coup : on garde une chance raisonnable d’arriver un jour à avoir sa maison et on augmente les chances d’améliorer la société. Conclusion (bis) : soyez altruistes !

Exercice : faites une analyse comparable sur les gens qui refusent de s’inscrire à un parti par peur d’être fiché ou à un syndicat parce qu’il ne veut pas que son patron le vire ou le gars qui met ses opinions en veilleuse en attendant de décrocher un poste fixe etc.

Bon, encore une page sur la cohérence, la démonstration que je vous avais promise au début et j’arrête.

Je reviens à mon incipit. On abandonne parfois toute ses velléités de travailler au bien commun, sous prétexte qu’on n’en aura jamais fini. Une autre façon de poser le problème, c’est de dire que faute de pouvoir être absolument cohérent avec ses opinions (et il y aurait à redire sur ce qu’est l’absolue cohérence…), on abandonne ses opinions. C’est un fait d’ailleurs qu’on entend souvent des gens critiquer untel parce qu’il vote communiste et qu’il roule en BMW ou pour tout autre genre de raisons liée à la cohérence entre sa vie et ses engagements. Bref, pour tous ceux qui n’osent pas voter à gauche parce qu’ils gagnent beaucoup d’argent dans la banque, ou qui n’osent pas voter vert parce qu’ils ont un 4x4, sachez que je vous absous ! Il vaut mieux, dans mon opinion, être incohérent et un peu altruiste que de ne pas chercher à voir plus loin que le bout de son nez par peur du reproche d’incohérence qu’on pourrait nous faire.

Finalement c’était un paragraphe. Et finalement, j’abandonne ma démo. Juste le temps de vous dire que c’est la mauvaise conscience de l’interlocuteur face à ce qu’il se passe de triste et d’horrible dans le monde qui plombe l’ambiance, pas le fait d’amener le sujet sur la table.

Si ça vous plaît pas, qu'on comprend rien, que c'est qu'un ramassis de banalités, dites le ! Commentez ! J'adore le débat qui fait progresser les idées.

L'évolution du PS

@ tous ceux qui espèrent en Filoche et en l'aile gauche du PS.



Le PS est condamné à se droitiser.



Étant donné l'image que les médias renvoient de lui (à tort ou à raison), les gens qui veulent faire de la politique à gauche en ce moment ne peuvent pas être enthousiasmés par le PS et adhéreront plutôt à un autre parti (PG, NPA voire EE ou PCF).



Les nouveaux adhérents potentiels du PS sont les gens enthousiasmés par le social libéralisme à la DSK, Zapatero ou Papandréou, ou encore à la Schröder (on nous raconte tellement sur tous les tons que l'Allemagne c'est le paradis). Le rapport de force interne (le rapport de force entre l'aile droite et l'aile gauche, si vous voulez) au PS va donc évoluer favorablement à son aile droite (qui gagnera plus d'adhérents que l'autre).



On aurait pu espérer que la crise interromprait la montée des tendances droitières dans les partis sociaux démocrates mais ça n'a pas été le cas. Je ne vois pas quel genre d'événement extérieur pourrait faire ce qu'un événement de l'ampleur de la crise actuelle n'a pas pu faire. Peut-être un miracle à la primaire pourrait enclencher une dynamique à gauche si un candidat de l'aile gauche était choisi. Ce serait possible en théorie, puisque les non-adhérents pourront y voter et donc le résultat ne reflétera pas forcément le rapport de force interne du PS. Mais encore faudrait-il qu'un candidat de la gauche du PS s'y présente or tout indique que ce ne sera pas le cas.

Ce qu'est un parti

Il ne faut pas penser que c’est une bande d’adorateurs d’un dogme qui se présenterait sous la forme d’une série de réponses univoques sur chaque question de société.

C’est en fait une sorte de forum où des gens (certes, avec des principes en commun) se retrouvent pour faire progresser leur propre réflexion puis faire progresser au sein de la société, l’opinion ainsi produite.

Un exemple hypothétique : on peut avoir comme principe commun de penser que l’état doit réorganiser le partage des richesses de manière plus égalitaire qu’actuellement, et notamment en instaurant un revenu maximum (principe commun) mais la façon exacte de prendre en compte les différents revenus, la façon ensuite de fixer le degré d’inégalité de revenu acceptable, tout ça doit être discuté.

De même, l’ordre de priorité des mesures à prendre, le rythme auquel les mesures doivent être prises, les concessions que l’on peut faire dans le cadres d’alliances électorales ou les concessions que l’on peut faire dans un contexte local particulier etc.

Si bien que l’essentiel des assemblées générales et des discussions de cercle dans un parti (du moins, dans mon parti) est consacré au débat entre membres avec pour objectif principal de s’instruire mutuellement.



Ensuite, évidemment, en vue d’avoir un programme, on doit arriver à ce qu’une opinion claire soit émise. Mais si cette opinion est un peu dogmatique quand on la lit sur un programme électoral, il faut garder en vue que la véritable opinion du parti, c’est tout autre chose que ce dogme. Ce qu’on lit sur les tracts et sur les affiches, ce qu’on entend dire par un membre qu’on croise dans la rue ou qu’on voit à la télé, c’est un instantané d’une réalité mouvante qui est ce qu’on pourrait appeler la véritable opinion du parti. Cette véritable opinion, c’est tout autre chose qu’une chose sacrée à laquelle chacun dans le parti adhère aveuglément. C’est la résultante de la rencontre d’opinions parfois divergentes et rarement définitives et qui vont, je l’espère, toujours en se perfectionnant de manière à répondre le mieux possible aux enjeux de société.

retraite résumé

hypothèse : Il faut manifester le xx/xx/xxxx (remplacer par la date de votre choix (contrepet))

démonstration :



(i) [plus de vieux => on peut pas payer] = [moins d'agriculteurs => on peut plus manger] = [gros mensonge qui néglige l'évolution de la productivité]

%PRÉMISSE DU GOUVERNEMENT FAUSSE%



(ii) augmentation de la durée de cotisation + chômage de masse = baisse des retraites + trou dans les caisses de l'assurance chômage

%REFORME DU GOUVERNEMENT INEFFICACE ET CRUELLE%



(iii) [disparition du chômage (hypothétique) + temps de travail accru + productivité accrue = catastrophe écologique] => diminuons le temps de travail (=> avoir le temps de devenir moins con et de profiter de la vie)(= bonus)

%NÉCESSAIRE ET AGRÉABLE D'AGIR EN SENS CONTRAIRE%



(iv) diminution du temps de travail facile à financer (par exemple : il suffit de revenir au niveau de taxation du temps de Jospin = période de situation économique florissante où la France se développait plus vite que ses voisins)

%AUTRE REFORME POSSIBLE (ET NÉCESSAIRE, Cf (iii))%



(v) "il n'y a que ceux qui sont dans les batailles qui gagnent"

%LAPALISSADE%



CQFD



lundi 21 juin 2010

retraites

Désolé, c'est assez long. J'ai essayé de me limiter à des choses qu'on n'entend nulle part pour que vous ne perdiez pas votre temps à relire ce qui est déjà rabâché dans les médias. Bon, c'est vrai, à part le premier paragraphe mais c'est pour situer le contexte. Et le dernier.

Finalement, ils ne sont pas si méchants que ça, ces vilains politiciens. Ces vilains politiciens qui baissent les impôts des riches et des grandes entreprises, qui vendent les bijoux de famille (autoroutes, edf, gdf etc.) et qui dérégulent tout ce qu'ils peuvent en matière de droit du travail, de santé publique et de contrôle des capitaux et de la finance. Ces vilains politiciens qui, après avoir consciencieusement vidé les caisses de l'état par toutes les méthodes énumérées précédemment, nous disent qu'on n'a pas le choix et qu'on doit : accepter des bas salaires, accepter de travailler plus ET casser les services sociaux, sans quoi le FMI nous punira parce que les marchés ne nous prêteront plus d'argent (en fait l'effet sur l'endettement des mesures de casse sociale sera quasi nul voir néfaste mais c'est une autre histoire).

Ils ont accepté, dans leur immense bonté, de n'augmenter les divers âges de la retraite et les diverses durées de cotisation que de deux ans ! Ils ont accepté de taxer les riches et le capital ! Bon c'est vrai, à côté, ils baissent le salaire des fonctionnaires. On ne pouvait pas attendre moins de la part d'un gouvernement de droite !

Voilà le genre de réaction qu'ils visent avec cet avant-projet. Ils ont bien manoeuvré. Il est vrai qu'il est extrêmement difficile après la campagne médiatique qui a précédé de mobiliser contre ça. On a effrayé très fort tout le monde, on sort un demi plan, tout le monde est rassuré même si ça ne va toujours pas dans son intérêt. Et, cerise sur le gâteau, on annonce que les riches vont payer et on les fait payer par toute une série de mesures plus ou moins illisibles qui donnent une impression d'abondance quand en fait le détail des chiffres pourrait montrer tout autre chose.

Ce qu'il faut voir, c'est que ces 4 milliards d'e (somme qu'il est prévu que les riches paieront) se comparent, d'une part, aux 30 milliards de cadeaux accordés aux mêmes riches depuis 2002 et d'autre part, à ce qu'on exige du reste de la société en même temps (90 % des économies supplémentaires annoncées dans le plan sont faites sur le dos du citoyen lambda). En plus, il peut y avoir une part d'effet d'annonce là-dedans. Que restera-t-il en matière d'efforts vers moins d'injustice après les amendements votés au coeur de l'été par une majorité à la botte du médef ?
Il est donc clair que ce projet ne fera pas diminuer les inégalités, il les accroîtra. Après une décennie de cadeaux aux riches et d'étranglement des faibles, on ajoute un fardeau plus grand sur les épaules des pauvres que sur celles des riches. On peut donc être à la fois pour que les riches payent plus d'impôts et être contre ce projet.

side-note : augmenter la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu de 1%, ce n'est pas forcément une mesure égalitaire non plus car on sait que les inégalités les plus fortes se font parmi les 10% les plus riches. Ici, on les met tous à l'amende (symboliquement mais tout de même) de la même manière. Ce qui serait autrement mieux, ce serait d'ajouter des tranches d'imposition à l'impôt sur le revenu.

De même, le recul social apparaît limité par rapport à ce qu'on craignait et on se dit qu'on peut bien faire des sacrifices de temps en temps. La vérité, c'est que ce ne sont pas "des sacrifices de temps en temps" mais un recul quasiment continu depuis le début de l'ère néolibérale des acquis sociaux et un recul que rien ne justifie. Rien sauf la perspective pour les grandes multinationales et leurs actionnaires d'accroître leurs profits. On peut se dire qu'ils peuvent bien empocher ce qu'ils veulent et que nous on se contente de peu et qu'on n'en est pas moins heureux pour autant. Ce raisonnement est faux. D'abord il y a de nombreux signes que les gens sont effectivement affectés et que leur travail devient de moins en moins supportable. La multiplication des jobs de merde avec moyens insuffisants et obligation de recherche du profit maximum à tout instant conduit beaucoup à la dépression voire au suicide. La pauvreté augmente avec l'insécurité, son corollaire. Il faut voir aussi la dégradation des conditions du métier d'enseignant comme une conséquence de la dégradation du lien social qui suit la casse des services sociaux. De manière plus indirecte, on a d'autres effets sur la démocratie et sur l'environnement. Ces mesures de casse sociale accroissent les inégalités et accroissent le pouvoir de la finance et des grandes entreprises. Les inégalités empêchent d'engager une évolution vers une société moins gourmande en énergie parce que les pauvres voient (et à juste titre) comme une injustice les efforts qu'ils seront les seuls à devoir faire absolument (les riches pourront toujours payer pour éviter de les faire). Les inégalités permettent aux plus riches de mener un mode de vie très dispendieux en énergie qui fait saliver tout le monde et que tout le monde imite dans la mesure de ses moyens. L'effet sur la démocratie provient directement du conflit entre le pouvoir des grandes entreprises et de la finance et celui des états (conflit dont la clé réside souvent dans le contrôle des médias par une bande du Fouquet's ou par un magnat italien).

Ici, je voulais expliquer pourquoi augmenter la durée de cotisation (ou l'âge de départ, tout ça c'est équivalent à quelques détails près) est une méthode qui revient à diminuer le niveau des pensions (en gros parce que c'est impossible de cotiser assez pour avoir un taux plein, compte tenu du chômage) et qui augmentera le chômage (plus d'emplois occupés par des vieux qui sont fatigués de travailler et moins par des jeunes qui ne demandent que ça) mais je me dis que l'article est déjà assez long comme ça. À part ça, j'accepterais volontiers une augmentation de la durée de cotisation seulement si elle était accompagnée d'une forte diminution du temps de travail hebdomadaire ou d'années sabbatiques payées ou d'autres mesures du même style qui diminuent le temps passé au boulot et en laissent pour se consacrer à autre chose qu'à des tâches à but lucratif.

Un recul social faussement limité donc et ce d'autant plus qu'il ne résout pas le problème de déficit lié aux retraites (pas plus que la réforme Fillon en son temps, souvenez-vous...) Car s'il ne résout rien, cela signifie aussi que la droite se garde de quoi faire pour l'après 2012. Faire avaler une réforme insupportable par petits bouts, ça ne la rend pas meilleure.

Enfin, le problème des retraites mérite vraiment une mobilisation citoyenne. Ça parle du temps de travail. Ça parle de la répartition des sous entre capital et travail. On peut et on doit exiger plus sur ces sujets qui sont à la racine de la crise actuelle.

Démonstration :
La productivité a augmenté. On n'a pas diminué le temps de travail. D'où l'apparition du chômage de masse. Celui-ci permet de menacer les gens qui ont un emploi de les virer à la moindre de leurs revendications. Et donc de faire augmenter la part des profits qui vont au capital (i.e. aux actionnaires) puisque qu'on peut faire stagner les salaires et exiger toujours plus des salariés. D'où vient la demande alors ? De l'endettement privé qui, conjointement avec l'accumulation de pognon dans les mains de gens qui en ont tellement qu'ils ne savent plus qu'en faire, crée des bulles spéculatives, qui crèvent en causant les dommages que l'on sait.

jeudi 29 avril 2010

manif dont tout le monde se fout - recap

Je parle bien sûr de cette manif ci : http://www.lepartidegauche.fr/editos/actualites-internationales/2580-appel-a-un-rassemblement-de-solidarite-avec-le-peuple-grec-victime-des-banques

Et je ne dis pas que c'était si important que ça d'y être. En tous cas, pour moi, c'est beaucoup moins important que de prendre la peine de s'informer sur ce qui se passe en lisant, par exemple, alternatives économiques ou le monde diplomatique. Beaucoup de langage codé dans cet article, n'hésitez pas à poser des questions ! Et bien sûr à critiquer ! (je rigole, je sais bien que c'est le comble du "pas cool" que de discuter politique sur internet (et ailleurs aussi d'ailleurs ; mais ailleurs, au moins, vos amis ne sont pas forcément au courant que vous vous êtes ridiculisés))

Alors j'y étais. On était environ 80. Il n'y a pas eu de vociférations de la foule mais des interventions de diverses personnalités (du PCF, de la FASE, du PCOF, des Alternatifs et du PG). Dans ce que j'ai entendu, pas de cassage de Papandréou. Les interventions étaient de niveau variable. Quelques médias étaient là, dont france cul qui à parlé du rassemblement dans son journal de 7h ce matin.

Encore quelques pensées sur cette affaire grecque.

Au bilan, les états riches d'Europe organisent eux même le dumping social en Europe en demandant que les conditions de travail en Grèce soient altérées. On insiste pour que les salaires des grecs soient baissés et après on aura un prétexte pour ne pas augmenter le SMIC ou pour déclarer irréaliste tout projet de redistribution moins inégalitaire des richesses. Finalement, tous les ultralibéraux n'attendent que ça : une bonne crise de la dette pour casser ce qui reste de services publics et que les intérêts privés puissent se partager les richesses qu'il reste à piller.

Sur la lutte idéologique. Il ne faut pas croire que tous les médias défendent les grecs contre les vilains allemands. Cette nuit à mes heures d'insomnie, j'ai zappé sur RMC et j'entendais des journalistes asséner comme des évidences que les allemands avaient beaucoup souffert, qu'aujourd'hui ils en tiraient les bénéfices et qu'on pouvait comprendre qu'ils ne veuillent pas payer pour la Grèce. On présente comme une vertu le dumping social et fiscal et la montée fulgurante de la pauvreté et des inégalités qui ont eu lieu dans ce pays sans dire que la réussite dans le commerce international de l'Allemagne (qui ne profite pas à la grande majorité du peuple allemand) a beaucoup bénéficié aussi des déficits qui se creusaient dans les autres pays d'Europe. En plus, comme le dit Christine Lagarde, l'Allemagne se fera du blé en prêtant à la Grèce, elle ne va rien perdre (ou alors le spin de Sarkozy sur les bénéfices faramineux qu'il a réalisé en renflouant le banques ne serait qu'un bobard ? non je me refuse à croire que notre président pourrait être malhonnête à ce point).

Autre fait amusant, c'est toute la série des gouvernements un peu de gauche en Europe qui sont attaqués par les spéculateurs : Hongrie (de l'époque), Grèce, Portugal et Espagne.
L'Espagne, dans la tourmente aujourd'hui, était pourtant un modèle de sérieux budgétaire puisqu'il y avait des budgets excédentaires dans ce pays avant la crise. Tout le blabla sur les comptes maquillés (par la droite comme par la gauche mais pas par le gouvernement actuel : on fait payer aux enfants les péchés des parents comme dans l'ancien régime) en Grèce n'était donc que du vent, un prétexte. C'est donc aussi une affaire de sales préjugés infondés des marchés sur le laxisme de la gauche, le manque de sérieux des gens du sud etc. Alors que les plus gros fabricants de déficits sont bien souvent de droite (Reagan, Bush, le précédent gouvernement grec, notre ami Sarkozy et ses prédécesseurs chiraquiens).

lundi 15 mars 2010

regional election - turn one - recap

Grosse crise économique, grosse crise écologique : les Français, peuple supérieur, ont trouvé la solution : l'abstention.

Ce qu'il y a d'écœurant là dedans, c'est que ça révèle notre désintérêt pour nos droits et nos libertés. Résultat d'un cocktail d'idiotie crasse et d'égoïsme très mal compris. Il faut dire que les médias ne nous ont pas aidé avec la façon dont ils ont rendu compte de la campagne. On ne parle d'un politicien qu'à partir du moment où il a quelque chose de scandaleux, de cette manière on sélectionne une classe politique riche en bouffons et en personnes viles. En plus, on s'obstine à essayer de nous faire croire qu'on n'a le choix qu'entre PS et UMP (avec un peu de vert cette fois-ci). Le reste des propositions a été quasi-totalement occulté ou traité avec le plus épais mépris. Imaginez un peu comment vous traiteriez des listes dont vous n'auriez entendu parler que par les affiches électorales et par la profession de foi reçue chez vous. Vous les traiteriez comme des rigolos (cf la liste émergence d'île de france) et même si vous pouvez trouver charmantes leurs propositions, vous ne pourrez pas imaginer d'aller voter pour ces charlots.

54 % d'abstention, c'est scandaleux mais quand ils votent ces abstentionnistes, qui au fond s'en foutent de la politique, on peut se demander si leur vote n'est pas aussi nuisible que leur abstention. Si, par exemple, leur je-m'en-foutisme ne les rend pas aussi plus susceptibles de voter en allant simplement à celui qui les manipule le mieux, sans trop se poser de questions et surtout sans essayer de faire intervenir la raison là-dedans. Une bonne part de ce petit monde a voté à la présidentielle mais étaient-ils plus vertueux à cette époque ? Si on vote juste pour suivre la mode ça ne me dérange pas qu'on reste à la maison à la place.

Fin de l'interlude fasciste.

Pour ma part, je l'ai déjà confessé, ça m'est déjà arrivé une fois de m'abstenir, c'était aux européennes de 2004. Et c'est bien parce que ça a toujours été très facile pour moi d'aller voter. En fait, une seule fois je me suis trouvé avoir besoin d'une procuration et cette fois-là comme une raclure de bidet, je me suis abstenu. I feel for you abstentionnistes just as I feel for my poor wretched soul ayant ce péché sur ma conscience moi aussi. Aujourd'hui, je vous propose une sélection de mantras pour vous aider à vous élever du stade d'abstentionniste vers un stade de conscience supérieur et pourquoi pas, peut-être, un jour, au nirvana.

Fee - C'est super important de voter et ce d'autant que, vu le niveau de l'abstention actuellement, votre vote n'a jamais eu autant de poids.

Fi - C'est super facile de faire une procuration : il suffit d'aller dans n'importe quel commissariat avec une pièce d'identité.

Foh - C'est super facile de s'inscrire sur les listes électorales de là où on habite. Il suffit d'aller à la mairie avec une photocopie de carte d'identité et un justificatif de domicile de moins de 3 mois.

Fum - Changez de priorités. Devenez prêt à tout pour accomplir votre devoir citoyen.

P. S. Dédicace à tous ceux qui ont voté Front de Gauche (FG) ou apparenté.

J'étais un peu déçu des résultats parce qu'il y a un paquet de régions où la liste soutenue par le Parti de Gauche (PG) ne dépasse pas les 5 % nécessaire pour participer aux fusions, parce que les alliances NPA-FG n'ont pas donné des scores mirobolant (moins de 5% en Pays de Loire, moins de 10% en Languedoc) et parce qu'il n'y a pas vraiment de décollage par rapport aux européennes.

MAIS il faut bien voir que dans cinq régions, le PCF était avec le PS. Et que la campagne s'est faite dans la confidentialité la plus parfaite grâce à la discrétion de médias respectueux comme libé, le monde ou france culture (pour ne citer que ceux que j'ai pu côtoyer pendant la campagne).
Et malgré ces conditions les listes soutenues par le Parti de Gauche ont totalisé 1221746 voix en France métropolitaine, c'est-à-dire 6,45% des voix, ce qui est mieux en nombre de voix comme en pourcentage que les résultats du FG des européennes (alors même, je le répète, que, aux européennes, le PCF était allié au PG partout). Si on compte le résultat en outre mer en tenant compte des partis apparentés communistes, on arrive à 1310523 voix, soit 6,73%, c'est toujours mieux que ce qu'on avait aux européennes en nombre comme en pourcentage.

Donc faible progression (0,5%) mais progression quand même. Espérons que le PG ne va pas se faire couillonner dans le processus de fusion des listes.

vendredi 12 mars 2010

Sea, sex and sun

Qu'attendre d'une victoire de la gauche :

Mécanisme :
1 - La gauche (pour être précis : le parti dominant à gauche, appelons-le PS) gagne.
2 - Le PS et ses alliés doivent lutter contre des intérêts puissants pour faire avancer son projet.
3 - Ça n'avance pas et ça finit par se dénaturer, le PS de parti de gauche qu'il était se change en parti centriste. Et c'est bien naturel ! L'exercice du pouvoir droitisera toujours un parti, puisque exercer des responsabilités place les politiciens sous une plus forte pression des milieux d'affaires.
4 - Le résultat, surtout en période de crise comme la période qui dure depuis que je suis né, c'est que les gens ne sont pas contents. Et à la suivante, ils votent moins et à droite parce que les médias (contrôlés essentiellement par la bande du Fouquet's et peuplés de gens beaucoup plus idiots que ce qu'on serait en droit d'attendre de personne ayant d'aussi hautes responsabilités) ne présentent qu'une seule alternative (PS ou UMP ? comme en ce moment dans la campagne des régionales).

Méthode :
1- Ne pas s'attendre à ce qu'un gouvernement de gauche satisfasse les attentes qu'il a suscité : il lutte contre trop d'adversité et les attentes sont toujours trop fortes (quand on ne promet rien comme Jospin, on échoue lamentablement).
2 - Tirer les conclusions de l'usure du pouvoir, non pas avec fatalisme en admettant qu'on n'aura jamais droit qu'à une politique de droite mais en remettant à chaque fois qu'il le faut le curseur à gauche en choisissant les bons candidats et les bons partis. Et, grâce en soit rendue au bon dieu, on a encore la chance en France (pas comme en Angleterre et aux États-Unis par exemple) d'avoir une remarquable diversité à gauche.
3 - Pour espérer que l'adhésion puisse être forte pour un maintien à gauche (c'est à dire à un vote à la gauche de l'actuel parti dominant à gauche), il faut maintenir vivace la bataille médiatique, la bataille idéologique de manière à éviter le désespoir et la manipulation de l'électorat. Les médias sont presque tous contrôlé par des forces hostiles à la gauche on l'a déjà remarqué. Il en reste quelques uns pourtant, qu'il faut soutenir (en ce moment : le monde diplomatique et fakir sont deux excellents choix, il y en a d'autres). Et deuxièmement, comme il ne faut pas trop compter sur les médias, il faut amener le débat politique hors de la sphère médiatique, dans la vie réelle des gens en pratiquant le militantisme (même "sans peine", ça sera un moindre mal).

Avec cette méthode, on peut capitaliser les avancées (parce qu'il y en a quand même) obtenues dans le premier gouvernement PS et, par petites touches et par gouvernements successifs toujours maintenus à gauche, on arrive à nos fins. Mais si la droite arrive au pouvoir, elle a tôt fait de tout casser et on n'avance plus.

mercredi 3 mars 2010

Suite de mes oeuvres... Lisez braves gens ! Lisez !

Pour ma part, les médias que je suis le plus sont France cul et libé. Et à chaque fois que l'un ou l'autre fait le point sur une région, il n'y a jamais un mot sur les listes du Front de Gauche (FG) (littéralement : sur un cahier de 8 pages sur la région Rhône Alpes dans libé, pas une seule mention du FG). J'imagine que ça doit être plus ou moins la même chose sur tous les médias. Ce qui m'emmerde le plus avec ça, en plus du fait que le résultat c'est que des millions de français ignorent ce qu'est le FG et donc ne penseront jamais à mettre ce bulletin dans l'urne, c'est que implicitement, ça fait comme si les médias nous disaient, cette liste là, ce n'est pas du sérieux.

Pas sérieux le FG ?

D'abord, quelle qualification est nécessaire pour être élu ? Je prétends qu'elle n'est pas si énorme qu'on imagine. Pas besoin d'avoir fait l'ENA. Ce sont les conseillers et les hauts fonctionnaires qui ont besoin de compétences techniques. Les élus, il leur suffit d'être capable de comprendre ce qu'on leur dit, d'être capable de ne pas perdre de vue le cap idéologique pour lequel ils se sont fait élire et enfin, d'être capable de comprendre de quoi est fait la vie de leurs administrés (par exemple, arriver à s'imaginer ce que c'est que de prendre le ou ce que c'est qu'être au chômage ou ce que c'est qu'être prof au collège etc.)

Mais admettons qu'on recherche tout de même des compétences techniques.

Pour la question des conseillers, il ne faut pas croire qu'une administration du FG aurait du mal à en trouver de compétents. Des intellectuels, des universitaires liés au front de gauche (ex : Jacques Généreux, tous ceux qui animent les conférences du Parti de Gauche (PG) tous les vendredis) ou que le FG pourrait appeler comme conseiller, il y en a légion (il n'y a qu'à voir tout ce qui est publié en matière de critique sérieuse du capitalisme, du productivisme etc. dans des livres ou dans les médias).

On peut aussi voir que le FG réunit le parti communiste et le PG, qui se compose, entre autres, d'anciens du PS. Or tout ce petit monde inclut de nombreux anciens ministres (dont Mélenchon) et de nombreux parlementaires, au plan local national ou européen. Bref, les listes FG ne contiennent certainement pas moins de personnel "qualifié" que celles d'Europe écologie ou du modem par exemple. Mais je prétends également que le PS et l'UMP qui posent en tant que gens sérieux ne sont pas si qualifiés qu'ils espèrent le paraître. Ce n'est pas parce qu'on admet plus facilement les dogmes de l'idéologie dominante qu'on sait mieux comment gérer une région ou un pays (il n'y a qu'à voir la gestion minable de la France par l'UMP et j'inclus les années Balladur et les années Chirac dans le paquet).

Enfin, c'est une idée idiote de ne vouloir élire que des gens qui aient une expérience préalable d'élu ou qui soient issus d'un parti d'élus. Avec de tels critères, les sud-africains n'auraient jamais élu Mandela. On peut (et doit) renouveler le personnel politique en permanence. Il faut donner leur chance à de nouvelles personnalités de se faire une expérience.

Une partie de l'apparent manque de sérieux du FG pourrait également provenir de la rhétorique de Mélenchon. Je n'en suis pas toujours enchanté moi-même mais elle peut se justifier. D'abord, si il n'avait pas cette façon parfois outrancière de s'exprimer, on n'entendrait absolument pas parler du FG dans les médias (sans Mélenchon, bon client pour des médias en quête de sensation, la visibilité du FG est quasi-nulle). Ensuite, le FG cherche à toucher l'électorat populaire donc il va employer une rhétorique un peu populiste. Il faut bien voir d'abord que populiste ne veut pas dire mensongère : traiter de parasites les banquiers, qui prêtent aux états de l'argent à 6% que leur prête la BCE avec un taux de 1%, ce qui leur permet de faire des bénéfices faramineux sur le dos des états qui doivent emprunter pour sauver l'économie que ces mêmes banques ont plongé dans le marasme, ça me parait tout à fait adéquat. De plus, si on écoute bien, derrière les invectives et les emportements, il y a de réels ferments pour une éducation populaire. Mélenchon, c'est un des hommes politiques qui argumente le plus avec des arguments rationnels et pas avec des sophismes ou avec des slogans. Le bas peuple qui votait coco, dans le temps, il commençait par être attrapé avec des slogans simplistes et puis il se faisait une éducation politique beaucoup plus poussée par la suite, encadré par le parti. Les témoignages sont nombreux de gens issus de milieux très pauvres qui ont dû leur ascension sociale essentiellement à ce qu'il y avait de formateur dans leur engagement militant.

On n'aura jamais un parti politique parfait avec lequel on soit d'accord sur tout. Ça n'empêche pas que ce soit le moindre mal ou encore que ce soit une expérience à tenter de voter FG.

mercredi 3 février 2010

Attablé au Ritz, je finissais mes spaghettis bolognaises...

Six point sur l'insuffisance du vote (nécessaire mais pas suffisant) comme moyen de faire triompher l'intérêt général.

1- Ça fait une grosse différence au niveau du bien-être des gens quand la gauche est puissante (c'est historique)

2- En ce moment, la gauche est faible comme jamais depuis au moins un siècle. Quand elle arrive au pouvoir, c'est toujours sur un malentendu, sur un rejet de la droite sans adhésion à des vrais projets de gauche. De plus, les partis sociaux démocrates comme le SPD allemand, le PD italien, une grosse partie du PS (peut-on encore désigner le labour anglais et les démocrates américains comme des sociaux démocrates ?) etc. sont plutôt de la tendance sociale libérale que de véritables partis de gauche. La propagande qu'ils font dans les médias (ou du moins qu'ils ont faite jusqu'à très récemment), c'est bien souvent pour expliquer comme c'est "raisonnable" de revenir sur les conquêtes sociales, de poursuivre les privatisations et dérégulations comme on ne peut rien faire d'autre et comme il faut être "modéré", c'est à dire de plus en plus à droite etc. (Tout ceci alors même qu'il n'y a absolument pas de consensus la dessus parmi les économistes.) Et dans l'affaire, l'emprise croissante des grandes entreprises sur la société joue un rôle capital. C'est par l'emprise qu'elles ont sur les médias, par la propagande qu'elles font par l'intermédiaire de la pub ou de certains politiciens, leurs laquais, qu'elles ont réussi à faire passer les dogmes libéraux comme des évidences incontestables et la moindre exigence sociale pour des rêves irréalistes ou ringards. Après, les politiciens suivent, le plus souvent, pour des gains électoraux à court terme. Ceux qui ont le malheur de vraiment vouloir faire changer les choses en bien, on les attaque par en haut, avec les menaces des riches de s'enfuir avec leur argent ou les attaques purement spéculatives comme en Grèce, en Espagne et au Portugal en ce moment et par en bas, en menant des campagnes médiatiques pour manipuler la population et lui cacher son intérêt bien compris.

3- Donc la gauche ne reviendra pas et, si elle revient, elle ne pourra pas faire de vraie politique de gauche faute de soutien populaire. Il ne suffit pas d'aller aux urnes quand la grande majorité de la population est si bien matraquée par les sirènes du libéralisme qu'elle finit par y croire. Et quand ce n'est pas le cas, le manque de visibilité des propositions alternatives (partis ou politiciens vraiment à gauche ostracisés par les médias, faiblesse des médias de gauche) fait des abstentionnistes avec ces mécontents.

4- Pour les gens de gauche, il faut donc travailler à contrer la propagande de droite et à rendre visible l'alternative. (C'est pour ça que je me suis inscrit à un parti politique, une association de gauche et abonné à de multiples journaux de gauche.)

5- En ce qui concerne la charité. La charité, ça donne une assurance que quelqu'un recevra un peu de soulagement ponctuellement. Mais sans engagement politique, on a l'assurance que les choses empireront globalement. Il faut saisir la chance qui nous est donnée de pouvoir peser (à notre échelle modeste) sur le devenir du monde et ça ne se fera que par la politique.

6- Pour vraiment aider le tiers monde et les pauvres, le meilleur moyen, c'est le boycott de toutes ces grandes entreprises qui pressurent les malheureux, c'est de faire des choix de consommation qui diminuent l'emprise des grands capitalistes sur la société en les attaquant directement sur les sous qu'ils gagnent.

C'est un peu tout nase cette séparation en six points.

mercredi 27 janvier 2010

En finir avec la droite, sans peine (suite).

1ère partie ici.

Pour y arriver, il faut bien voter et bien placer ses sous. Il y a aussi des trucs à faire en matière de lutte idéologique.

La lutte idéologique c'est agir pour propager ses idées. C'est ce que j'appelle ma propagande. Ça peut avoir l'air pas très sympathique, ça peut avoir des airs de manipulation mais remarquons tout de suite deux choses. Primo, la meilleure propagande se fait avec des arguments rationnels ce qui est l'opposé de la manipulation. Secundo, l'odieux est là surtout quand la manipulation se fait au service d'intérêts particuliers. Or, une société plus juste, mieux éduquée, dans laquelle on a plus de temps, une société apaisée (puisque la justice y règne mais aussi du fait de la meilleure éducation qui permet de régler les conflits de manière non violente) ça profite à tout le monde. De même pour un environnement plus sain, moins standardisé (ce qui s'oppose à ce qu'on trouve dans les villes envahies par les Starbucks et les Subways et où il n'y a plus un café indépendant ou une boulangerie, à ce qu'on subit avec l'absence de saveurs des produits de l'agriculture industrielle et la culture produite par des médias qui ne cherchent qu'à vendre du temps de cerveau disponible).

C'est un enjeu majeur (cette lutte idéologique), parce qu'une victoire électorale qui se fait sur le rejet du pouvoir actuel mais sans adhésion aux idéaux de ceux qui les remplacent n'a pas grand avenir.

Et il y a du boulot parce qu'avec leur argent, les grandes entreprises ont une forte emprise sur le système médiatique et sur les politiciens. Regardez Obama se débattre avec son congrès (voir son cabinet, voir la cour suprême des États-Unis) qui refusent de faire quoi que ce soit qui ne soit pas directement dans l'intérêt des grandes banques, de l'industrie de la santé ou du complexe militaro-industriel (à moins que lui-même n'en ait pas non plus l'intention malgré ses déclarations). Regardez, regardez aussi du côté de l'Italie ! Regardez et vous verrez ce à quoi on aura droit en France si on continue de croire qu'il suffit d'aller voter pour faire vivre une démocratie.

Du boulot ? Ça ne sera pas sans peine alors ? Si ! Pour vous mes amis, rien que pour vous, j'ai sélectionné trois trucs super faciles à faire. Et le plus beau, c'est que ce n'est pas parce que c'est super facile à faire que ce n'est pas aussi super utile (pas de corrélation entre l'effort que vous fournirez et l'efficacité de votre démarche, comme c'est le cas quand on signe cette pétition, kacedédi à tous ceux qui pensaient que je l'avais oubliée).

Bon, ces trucs.

Truc facile à faire n°1 : se cultiver. L'idée, c'est que c'est toujours bon de fortifier son âme de gauche. Il s'agit de ne pas céder soi-même à la propagande de droite, de ne pas en arriver un jour à se dire : "être de gauche à 20 ans ça va mais il y a un moment où il faut grandir..." Il s'agit aussi d'avoir du fond pour pouvoir convaincre les malheureux qui par hasard s'intéresseraient à notre avis. Pourquoi la culture? Parce que souvent, les grands artistes/auteurs ont un fond d'humanisme et qu'ils le communiquent. Mieux connaître tout ce dont est capable un humain et tout ce qui peut se passer dans le vaste univers (et pas seulement le sordide, aussi le merveilleux), ça évite d'avoir comme seule ambition d'amasser de quoi s'acheter une Rolex avant la date fatidique. Quant à la pénibilité de l'affaire, je ne dois pas vous faire un dessin : il n'y a qu'à jouir autant qu'on peut des chefs-d'œuvre de l'humanité (ou de mère nature).

Truc facile à faire n°2 : s'informer. C'est plus austère que le point n°1 ? Hmmm... N'est-on pas tous un peu curieux de savoir ce qui se passe dans le monde ? Alors, il s'agira simplement de satisfaire sa curiosité auprès de médias de qualité (par exemple, les deux excellents mensuels que sont le Monde Diplomatique et Alternatives Économiques). Comme pour le point 1, ça sera un moyen d'affiner ses opinions. Mais il y a un autre effet bonus : en étant client d'un média, on a aussi un effet par l'intermédiaire des audimats de tous poils. Un média à forte audience va voir ses infos reprises plus fréquemment et ses éditorialistes seront plus volontiers invités à partager leurs opinions en d'autres lieux. Dès lors, il faut vraiment faire attention à choisir les bons.

Truc facile à faire n°3 : s'inscrire au Parti de Gauche (ou au parti de votre choix mais j'avoue que, sur le plan stratégique comme sur le plan des idées, le PG, c'est ce qu'on fait de mieux). Ça aura le même effet pour l'influence du parti que celui qu'a l'audimat sur l'influence de la chaîne de télé. Plus de poids dans les médias, plus de poids lors de négociations entre partis. Et comme avec les bons médias, on obtient par le biais du parti des informations très bonnes à savoir et difficiles à trouver ailleurs (à ce sujet, la très excellente feuille hebdomadaire du PG est exemplaire, vous pouvez me croire, j'ai aussi été au PS et le journal qu'on recevait n'était pas à moitié aussi bien). On peut trouver ça casse-couille de militer, j'en conviens, même si je vois aussi ce qu'on peut trouver de bandant à s'impliquer directement dans le fonctionnement de la démocratie. Ici, on se contentera d'adhérer et de payer notre cotisation. C'est déjà un grand service à rendre à ses idées. Nous nous en remercions.

Pour aller plus loin, voyez ici.