lundi 15 mars 2010

regional election - turn one - recap

Grosse crise économique, grosse crise écologique : les Français, peuple supérieur, ont trouvé la solution : l'abstention.

Ce qu'il y a d'écœurant là dedans, c'est que ça révèle notre désintérêt pour nos droits et nos libertés. Résultat d'un cocktail d'idiotie crasse et d'égoïsme très mal compris. Il faut dire que les médias ne nous ont pas aidé avec la façon dont ils ont rendu compte de la campagne. On ne parle d'un politicien qu'à partir du moment où il a quelque chose de scandaleux, de cette manière on sélectionne une classe politique riche en bouffons et en personnes viles. En plus, on s'obstine à essayer de nous faire croire qu'on n'a le choix qu'entre PS et UMP (avec un peu de vert cette fois-ci). Le reste des propositions a été quasi-totalement occulté ou traité avec le plus épais mépris. Imaginez un peu comment vous traiteriez des listes dont vous n'auriez entendu parler que par les affiches électorales et par la profession de foi reçue chez vous. Vous les traiteriez comme des rigolos (cf la liste émergence d'île de france) et même si vous pouvez trouver charmantes leurs propositions, vous ne pourrez pas imaginer d'aller voter pour ces charlots.

54 % d'abstention, c'est scandaleux mais quand ils votent ces abstentionnistes, qui au fond s'en foutent de la politique, on peut se demander si leur vote n'est pas aussi nuisible que leur abstention. Si, par exemple, leur je-m'en-foutisme ne les rend pas aussi plus susceptibles de voter en allant simplement à celui qui les manipule le mieux, sans trop se poser de questions et surtout sans essayer de faire intervenir la raison là-dedans. Une bonne part de ce petit monde a voté à la présidentielle mais étaient-ils plus vertueux à cette époque ? Si on vote juste pour suivre la mode ça ne me dérange pas qu'on reste à la maison à la place.

Fin de l'interlude fasciste.

Pour ma part, je l'ai déjà confessé, ça m'est déjà arrivé une fois de m'abstenir, c'était aux européennes de 2004. Et c'est bien parce que ça a toujours été très facile pour moi d'aller voter. En fait, une seule fois je me suis trouvé avoir besoin d'une procuration et cette fois-là comme une raclure de bidet, je me suis abstenu. I feel for you abstentionnistes just as I feel for my poor wretched soul ayant ce péché sur ma conscience moi aussi. Aujourd'hui, je vous propose une sélection de mantras pour vous aider à vous élever du stade d'abstentionniste vers un stade de conscience supérieur et pourquoi pas, peut-être, un jour, au nirvana.

Fee - C'est super important de voter et ce d'autant que, vu le niveau de l'abstention actuellement, votre vote n'a jamais eu autant de poids.

Fi - C'est super facile de faire une procuration : il suffit d'aller dans n'importe quel commissariat avec une pièce d'identité.

Foh - C'est super facile de s'inscrire sur les listes électorales de là où on habite. Il suffit d'aller à la mairie avec une photocopie de carte d'identité et un justificatif de domicile de moins de 3 mois.

Fum - Changez de priorités. Devenez prêt à tout pour accomplir votre devoir citoyen.

P. S. Dédicace à tous ceux qui ont voté Front de Gauche (FG) ou apparenté.

J'étais un peu déçu des résultats parce qu'il y a un paquet de régions où la liste soutenue par le Parti de Gauche (PG) ne dépasse pas les 5 % nécessaire pour participer aux fusions, parce que les alliances NPA-FG n'ont pas donné des scores mirobolant (moins de 5% en Pays de Loire, moins de 10% en Languedoc) et parce qu'il n'y a pas vraiment de décollage par rapport aux européennes.

MAIS il faut bien voir que dans cinq régions, le PCF était avec le PS. Et que la campagne s'est faite dans la confidentialité la plus parfaite grâce à la discrétion de médias respectueux comme libé, le monde ou france culture (pour ne citer que ceux que j'ai pu côtoyer pendant la campagne).
Et malgré ces conditions les listes soutenues par le Parti de Gauche ont totalisé 1221746 voix en France métropolitaine, c'est-à-dire 6,45% des voix, ce qui est mieux en nombre de voix comme en pourcentage que les résultats du FG des européennes (alors même, je le répète, que, aux européennes, le PCF était allié au PG partout). Si on compte le résultat en outre mer en tenant compte des partis apparentés communistes, on arrive à 1310523 voix, soit 6,73%, c'est toujours mieux que ce qu'on avait aux européennes en nombre comme en pourcentage.

Donc faible progression (0,5%) mais progression quand même. Espérons que le PG ne va pas se faire couillonner dans le processus de fusion des listes.

vendredi 12 mars 2010

Sea, sex and sun

Qu'attendre d'une victoire de la gauche :

Mécanisme :
1 - La gauche (pour être précis : le parti dominant à gauche, appelons-le PS) gagne.
2 - Le PS et ses alliés doivent lutter contre des intérêts puissants pour faire avancer son projet.
3 - Ça n'avance pas et ça finit par se dénaturer, le PS de parti de gauche qu'il était se change en parti centriste. Et c'est bien naturel ! L'exercice du pouvoir droitisera toujours un parti, puisque exercer des responsabilités place les politiciens sous une plus forte pression des milieux d'affaires.
4 - Le résultat, surtout en période de crise comme la période qui dure depuis que je suis né, c'est que les gens ne sont pas contents. Et à la suivante, ils votent moins et à droite parce que les médias (contrôlés essentiellement par la bande du Fouquet's et peuplés de gens beaucoup plus idiots que ce qu'on serait en droit d'attendre de personne ayant d'aussi hautes responsabilités) ne présentent qu'une seule alternative (PS ou UMP ? comme en ce moment dans la campagne des régionales).

Méthode :
1- Ne pas s'attendre à ce qu'un gouvernement de gauche satisfasse les attentes qu'il a suscité : il lutte contre trop d'adversité et les attentes sont toujours trop fortes (quand on ne promet rien comme Jospin, on échoue lamentablement).
2 - Tirer les conclusions de l'usure du pouvoir, non pas avec fatalisme en admettant qu'on n'aura jamais droit qu'à une politique de droite mais en remettant à chaque fois qu'il le faut le curseur à gauche en choisissant les bons candidats et les bons partis. Et, grâce en soit rendue au bon dieu, on a encore la chance en France (pas comme en Angleterre et aux États-Unis par exemple) d'avoir une remarquable diversité à gauche.
3 - Pour espérer que l'adhésion puisse être forte pour un maintien à gauche (c'est à dire à un vote à la gauche de l'actuel parti dominant à gauche), il faut maintenir vivace la bataille médiatique, la bataille idéologique de manière à éviter le désespoir et la manipulation de l'électorat. Les médias sont presque tous contrôlé par des forces hostiles à la gauche on l'a déjà remarqué. Il en reste quelques uns pourtant, qu'il faut soutenir (en ce moment : le monde diplomatique et fakir sont deux excellents choix, il y en a d'autres). Et deuxièmement, comme il ne faut pas trop compter sur les médias, il faut amener le débat politique hors de la sphère médiatique, dans la vie réelle des gens en pratiquant le militantisme (même "sans peine", ça sera un moindre mal).

Avec cette méthode, on peut capitaliser les avancées (parce qu'il y en a quand même) obtenues dans le premier gouvernement PS et, par petites touches et par gouvernements successifs toujours maintenus à gauche, on arrive à nos fins. Mais si la droite arrive au pouvoir, elle a tôt fait de tout casser et on n'avance plus.

mercredi 3 mars 2010

Suite de mes oeuvres... Lisez braves gens ! Lisez !

Pour ma part, les médias que je suis le plus sont France cul et libé. Et à chaque fois que l'un ou l'autre fait le point sur une région, il n'y a jamais un mot sur les listes du Front de Gauche (FG) (littéralement : sur un cahier de 8 pages sur la région Rhône Alpes dans libé, pas une seule mention du FG). J'imagine que ça doit être plus ou moins la même chose sur tous les médias. Ce qui m'emmerde le plus avec ça, en plus du fait que le résultat c'est que des millions de français ignorent ce qu'est le FG et donc ne penseront jamais à mettre ce bulletin dans l'urne, c'est que implicitement, ça fait comme si les médias nous disaient, cette liste là, ce n'est pas du sérieux.

Pas sérieux le FG ?

D'abord, quelle qualification est nécessaire pour être élu ? Je prétends qu'elle n'est pas si énorme qu'on imagine. Pas besoin d'avoir fait l'ENA. Ce sont les conseillers et les hauts fonctionnaires qui ont besoin de compétences techniques. Les élus, il leur suffit d'être capable de comprendre ce qu'on leur dit, d'être capable de ne pas perdre de vue le cap idéologique pour lequel ils se sont fait élire et enfin, d'être capable de comprendre de quoi est fait la vie de leurs administrés (par exemple, arriver à s'imaginer ce que c'est que de prendre le ou ce que c'est qu'être au chômage ou ce que c'est qu'être prof au collège etc.)

Mais admettons qu'on recherche tout de même des compétences techniques.

Pour la question des conseillers, il ne faut pas croire qu'une administration du FG aurait du mal à en trouver de compétents. Des intellectuels, des universitaires liés au front de gauche (ex : Jacques Généreux, tous ceux qui animent les conférences du Parti de Gauche (PG) tous les vendredis) ou que le FG pourrait appeler comme conseiller, il y en a légion (il n'y a qu'à voir tout ce qui est publié en matière de critique sérieuse du capitalisme, du productivisme etc. dans des livres ou dans les médias).

On peut aussi voir que le FG réunit le parti communiste et le PG, qui se compose, entre autres, d'anciens du PS. Or tout ce petit monde inclut de nombreux anciens ministres (dont Mélenchon) et de nombreux parlementaires, au plan local national ou européen. Bref, les listes FG ne contiennent certainement pas moins de personnel "qualifié" que celles d'Europe écologie ou du modem par exemple. Mais je prétends également que le PS et l'UMP qui posent en tant que gens sérieux ne sont pas si qualifiés qu'ils espèrent le paraître. Ce n'est pas parce qu'on admet plus facilement les dogmes de l'idéologie dominante qu'on sait mieux comment gérer une région ou un pays (il n'y a qu'à voir la gestion minable de la France par l'UMP et j'inclus les années Balladur et les années Chirac dans le paquet).

Enfin, c'est une idée idiote de ne vouloir élire que des gens qui aient une expérience préalable d'élu ou qui soient issus d'un parti d'élus. Avec de tels critères, les sud-africains n'auraient jamais élu Mandela. On peut (et doit) renouveler le personnel politique en permanence. Il faut donner leur chance à de nouvelles personnalités de se faire une expérience.

Une partie de l'apparent manque de sérieux du FG pourrait également provenir de la rhétorique de Mélenchon. Je n'en suis pas toujours enchanté moi-même mais elle peut se justifier. D'abord, si il n'avait pas cette façon parfois outrancière de s'exprimer, on n'entendrait absolument pas parler du FG dans les médias (sans Mélenchon, bon client pour des médias en quête de sensation, la visibilité du FG est quasi-nulle). Ensuite, le FG cherche à toucher l'électorat populaire donc il va employer une rhétorique un peu populiste. Il faut bien voir d'abord que populiste ne veut pas dire mensongère : traiter de parasites les banquiers, qui prêtent aux états de l'argent à 6% que leur prête la BCE avec un taux de 1%, ce qui leur permet de faire des bénéfices faramineux sur le dos des états qui doivent emprunter pour sauver l'économie que ces mêmes banques ont plongé dans le marasme, ça me parait tout à fait adéquat. De plus, si on écoute bien, derrière les invectives et les emportements, il y a de réels ferments pour une éducation populaire. Mélenchon, c'est un des hommes politiques qui argumente le plus avec des arguments rationnels et pas avec des sophismes ou avec des slogans. Le bas peuple qui votait coco, dans le temps, il commençait par être attrapé avec des slogans simplistes et puis il se faisait une éducation politique beaucoup plus poussée par la suite, encadré par le parti. Les témoignages sont nombreux de gens issus de milieux très pauvres qui ont dû leur ascension sociale essentiellement à ce qu'il y avait de formateur dans leur engagement militant.

On n'aura jamais un parti politique parfait avec lequel on soit d'accord sur tout. Ça n'empêche pas que ce soit le moindre mal ou encore que ce soit une expérience à tenter de voter FG.