dimanche 23 octobre 2011

Critique d'Aphatie

Ci-dessous le texte d'Aphatie (qu'on trouve aussi ici : torchon) et mes commentaires (en italique).

"Pendant que l’euro frôle l’apoplexie, concentrons-nous sur l'essentiel du débat public. Hier soir, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de Laurence Ferrari sur TF1."

Comme si Mélenchon était la principale plaie qui empêchait les sujets sérieux d’être abordés dans les médias… La réalité, c’est que Mélenchon est très loin d’être le centre du débat public (on parle plutôt très peu du Front de Gauche et le Front de Gauche a une place dans les médias largement en dessous de celle qu’il représente électoralement). Mélenchon semble par contre être au centre du débat qui s’agite dans l’imagination d’Aphatie.

"Longtemps, Jean-Luc Mélenchon, candidat du parti de gauche à l’élection présidentielle, s’est présenté comme la terreur des journalistes."

Primo, cette phrase contient une erreur factuelle, Mélenchon est candidat du Front de Gauche et non du Parti de Gauche. Quand on se proclame spécialiste de la politique comme Aphatie, et qu’on monnaie chèrement ses chroniques sur de multiples médias (RTL, Canal +, etc.) on devrait au moins savoir faire la différence entre le Parti et le Front de Gauche.

Deuxio, ce n’est pas Mélenchon qui se présente comme « la terreur des journalistes », ce sont Aphatie et consorts qui ont colporté le mythe d’un Mélenchon ennemi des journalistes qui s’énerverait pour un rien et qui ferait frémir la corporation. Mélenchon critique le système médiatique, avec des arguments.

"Pas de tous les journalistes, oh non. Dans une théorisation dont le net a gardé la trace et que j’ai personnellement la flemme de chercher, Jean-Luc Mélenchon a expliqué qu’il distinguait nettement les soutiers de l’information, victimes d’un système d’exploitation, des commandeurs, décideurs et éditocrates qui pervertissent l’esprit public à la seule fin de préserver leurs intérêts."

Moi, j’ai pas la flemme, si vous voulez avoir autre chose que la vision réductrice d’Aphatie qui veut pas faire son boulot de journaliste, regardez cette émission : la mécanique mélenchon

"Parmi les cibles illustrant ses propos, Laurence Ferrari, journaliste de TF1, tint longtemps une place de choix. Elle se vit traiter de « perruche », nulle misogynie dans l’expression bien sûr, juste le fruit d’une analyse « Front de gauche » du couple journaliste et citoyen. Elle eut aussi l’insigne honneur d’être désignée comme un gros salaire, un million d’euros par an assura Jean-Luc Mélenchon dans une vindicte demeurée célèbre, et qui figure elle aussi sur la Toile, et le même promit, s’il parvenait un jour à l’Elysée, de lui en piquer un bon paquet au titre de la nécessaire égalité dans la République française."

Concentré de mauvaise foi ici, difficile de tout commenter.

Laurence Ferrari n’a pas du tout eu une place de choix dans la critique de Mélenchon (encore l’imagination d’Aphatie).

Il a en effet commenté son salaire dont le montant avait été estimé par Renaud Revel de l’express : salaire de ferrari

mais guère plus. Ce qui a aussi été repris sur la propre radio où officie Aphatie : pujadas sur rtl.

Le « perruche » s’adressait en effet à Ferrari ainsi qu’à Arlette Chabot et Anne-Sophie Lapix qui, sur le plateau où officie Aphatie à Canal +, avaient participé à un grand exercice de dénigrement de Mélenchon (Denisot organise le procès de Montebourg et Mélenchon).

"Hier soir, le candidat était face à la « perruche » au gros salaire. Regardez la vidéo que vous trouverez ici, TF1 news, replay de « Parole directe » diffusée après le journal de 20 heures."

Regardez la vidéo en effet (ici par exemple : invité de parole directe), car Aphatie ne vous rapportera (et de manière déformée) qu’un passage tout à fait mineur (viens te plaindre qu’on parle pas de l’euro, après ça !)

"Vous entendrez ceci à partir de 2’33 :

- Vous avez dit beaucoup de bêtise sur mon salaire, M. Mélenchon, susurre Mlle Ferrari"

Ici, il manque une réponse de Mélenchon qui expliquait que les bêtises, c’étaient d’autres qui les avaient dites (Revel, Poincaré de RTL, Le Matin, journal suisse etc.)

"- Je les retire si vous voulez, répond M. Mélenchon.

- Merci beaucoup, ressusure la journaliste

- Si cela doit faciliter notre dialogue, précise l’homme politique

- J’apprécie beaucoup, termine la journaliste

Que faut-il retenir de cet échange ?"

Certainement pas ce que va en tirer Aphatie, vous avez vu sa mauvaise foi sur le début du billet, imaginez la suite…

"Bien sûr l’analyse matérialiste du Front de gauche sur la nocivité des journalistes demeure puisqu’elle est le produit dialectique d’un raisonnement raisonné. Mais voilà, on peut être un vrai révolutionnaire, on n’en est pas moins un homme."

Ben oui, on peut être poli avec les gens et critiquer le système auquel ils participent. Désolé Aphatie si t’as pas compris ça.

"Quand on a devant soi le titulaire d’un gros salaire, il n’est pas si facile de lui dire qu’on va le lui piquer. Et puis, c’est si bon, si doux, si agréable, de passer sur TF1 pour porter le message de la révolution."

Ce n’est pas du tout pour ça qu’il retire le montant du salaire qu’il avait tiré du papier de Revel et le mot de « perruche ». Mélenchon au contraire a dit (juste avant le passage rapporté par Aphatie, d’ailleurs) qu’elle risquait de perdre gros avec le programme du Front de Gauche.

"Si Paris vaut bien une messe, la conquête du peuple de France ne vaut-il pas une contrition publique, devant le sourire charmeur de Laurence Ferrari en plus ?"

Je passe sur ces pauvres sarcasmes à 2 balles ?

"A part quelques pisse vinaigre dont on pourrait à l’avance écrire la prose tant ils sont prévisibles, qui donc s’offusquera de ce demi-tour droit dans ses bottes du "terrible" M. Mélenchon ? Personne. J’ai dit des conneries sur le salaire de Mamzelle Ferrari ? Je les retire. Illico presto. Mais je maintiens le reste. Au nom de la lutte des classes. Et de la Révolution."

Et bien oui, on peut avoir un exemple un peu foireux tout en gardant le fond de la critique qui s’appuie sur bien d’autres choses. Il n’y a pas de demi tour ici, ni sur la critique médiatique, ni sur le salaire maximum. Il y en a peut-être dans les rêves d’Aphatie. Et puis retire ces guillemets à "terrible" Aphatie ! C'est toi qui vient de lui attribuer cette épithète.

"Si vous avez le temps, peut-être ne l’aurez-vous pas, je comprends, allez donc à 18’58 sur cet entretien d’anthologie. Laurence « perruche » Ferrari pose une question d’apparence anodine :"

On voit que depuis le début Aphatie fait tout pour que personne n'aille voir ce qui s'est effectivement dit à l'antenne. Flipperait-il à l'idée que les gens puissent vraiment comparer avec ce qu'il dit ?

- Regrettez-vous certains de vos excès verbaux ou de vos coups de gueule ?

Téléspectateur ordinaire de l’échange, on croit connaître d’avance la réponse. Un tribun du peuple, « je suis le bruit et la fureur » avait dit un jour de lui-même Jean-Luc Mélenchon, ne regrette rien de ce qu’il dit, jamais, car il le pense, son esprit sans cesse préoccupé par le bien du peuple, et donc inspiré par l’ardent souci d’en exprimer les attentes dans des diatribes susceptibles de faire avancer sa cause en faisant trembler les puissants."

TL;DR

"Or, surprise, hier soir, Jean-Luc Mélenchon, a abaissé la grand-voile, ramené le foc et replié le spi (suis pas voileux). Voici, au mot près, la déclaration du candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle :"

Au mot près dans l’imagination d’Aphatie une fois de plus ! Il y a un préambule qu’Aphatie omet dans sa grande honnêteté journalistique et qui change le sens du petit tronçon de dialogue rapporté (sans parler du ton de voix).

"- Il m’est arrivé dans la taquinerie, des fois peut-être, d’aller un peu au-delà de ce qui aurait été nécessaire. Par exemple avec vous.

Laurence « perruche » Ferrari a doucement cligné des yeux. Clap de fin. Vive la Révolution, camarades!"

Eh oui, camarade Aphatie, c’est pas parce qu’on est révolutionnaire qu’on n’a pas de sentiments humains. Et l’invective « perruche » n’est pas le fond de notre critique contrairement à ce que tu sembles penser. On peut la retirer sans dénaturer le reste.

Je vous laisse juger après cela de ce qu’il faut apporter de crédit au reste des chroniques du misérable Aphatie.

J'ajoute ce commentaire d'un ami fb :


"Peut-on attendre de monsieur Apathique ou Emphatique, je ne sais plus, que sa conception du métier de journaliste consistât en autre chose que du journalisme pour et par les journalistes ? J'en doute, c'est un homme de son temps, et les banquiers font de l'argent par et pour l'argent et rien d'autre, pourquoi pas lui...? Le monde derrière compte bien peu, pour lui comme pour sa caste de clercs médiatiques, garants du sacro-saint et immuable Ordre providentiel pourvoyant chaque jour à l'augment indéfini de sa garde-robe de cravates satins, l'important c'est de bien faire comprendre que selon l'étiquette des Salons, si vous manquez ne serait-ce qu'une seule fois d'égard à l'étiquette, on ne vous accordera plus jamais le pardon de croire vos civilités sincères. Il n'y a que l'opprobre et le dénigrement pour ceux qui, fraternellement rien de plus, par une gifle bien administrée croient pouvoir tirer de leur confortable léthargie les tartuffes mystifiés eux même par le rite qu'ils pratiquent sous l'aile des puissants."

Si ça vous plaît pas, qu'on comprend rien, que c'est qu'un ramassis de banalités, dites le ! Commentez ! J'adore le débat qui fait progresser les idées.